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 White heat.

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Sebastian Moran
LE CHIEN DE GARDE
MISSIVES : 4
Sebastian Moran
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MessageSujet: White heat.   White heat. I_icon_minitimeMar 11 Avr 2017 - 17:30

Repudiate the forge
1880. London, Whitechapel — St Mary's Church.






Carillonne et résonne en cette journée sainte l’heure des liturgies populaires. Partout, autour, essaims de béotiens croyants pépient comme pour mieux souligner venue ou investissement de l’antre architecturale. Ici bas, croire relève bien plus des superstitions que de réels épanchements spirituels. Messes ne font que sonner le glas fatidique des repentirs. Prostrée à quelques mètres du parvis, la figure évanescente ne trahit aucun émoi — quand bien même subsiste en les pupilles de ses grenats scrutateurs cette lueur pour trahir l’éveil de la Bête. L’Abomination ne parvient plus à s'émouvoir des fresques exsudant la petitesse humaine. Les siècles de survivance pour ne jamais constater plus que la perpétuation de cycles et d'instincts mouisards ont suffi à élaguer les derniers bourgeons d'espérance qu’il réservait encore à ce qu'était, jadis, son espèce véritable. Humanité ; bien noble famille ayant revêtu allures de Misère, puisque du quartier de Whitechapel le fieffé démon ne s'essaie même plus à s'improviser pitance. C’est la Mort qu’il boit aux gorges blanches, et toxines lépreuses gangrénant les cors, et maladie distillant aux veines bleues curare plus pernicieux encore que l'eau bénite du Patriarche. Pourris jusqu’à l'ultime cellule, ces fils de putains ! Insectes grouillants pour se bâfrer des plaies de leur Terre Mère !

Il n’existe pas une viande pour rattraper l’autre. Pas une.

Sauf peut-être celle alléchante pour le doubler et s’ébrouer sous la gueule. Alors Sebastian jauge, bien ancré dans sa suffisance surnaturelle, la petite tête brune se frayer chemin puis s’engouffrer en l’église qui dégueule. Le temps aux traits — quatrain de décennies bien entamées — lui confère des airs tranquilles qu’il sait n’être que fine et mielleuse persona ; bientôt l’instinct aura main mise sur la sagesse de l’Ainé, et l’âme atrophiée, tapie aux encoignures, saignera ses frustrations à la carne de quelques innocents pions. Goûter un peu des chairs, engloutir de nouvelles âmes et apposer en bas de contrats la Damoclès luciférienne — puisqu’enchaîné, puisque soumis, lui aussi, au bélligérant Malin l’ayant estampillé Conquistador. Aujourd’hui, cependant, c’est l’Enfant qu’il faut soustraire à l’inférieure race, car c’est pour cela que l’on l’a fait remonter des affres-fournaises, et il n’est jamais bon d’effrayer lorsque l’on chasse — encore moins pareille proie.

Lorsqu’il amarre guiboles rouillées en le temple, une moue grognarde épingle derechef les commissures. La putative Foi mêlée aux fumigations de myrrhe gonflent les lieux de leurs sacrements et, comme un peu plus d’exorcisme pour le châtier, l’écho de prières purificatrices lui extorquent une toux mortuaire. D’une serre flageolante, le monstre s’en vient ainsi cueillir le vieux mouchoir en la poche du veston ; il glaviote et macule de tout son pus noirâtre la noble soie, barbaque reptilienne qui en ultime défense cracherait son venin à la gueule de l’ennemi, avant de remuer matrice. Progresser en l’enceinte s’avère bien plus compliqué qu’il ne l’aurait imaginé — cheminer vers l’autel revenant à essuyer de furieuses coupures éthériques sur ses restes de Survie — mais le gamin est là, tout couvert de haillons, aussi l’incube ne peut se résoudre à fuir sa Croix. Peu lui chaut, qu’il s'embrase en la carcasse ou que les entrailles contractées accouchent ses sudations, Lui s’installe, toujours rigide, toujours souffreteux, aux côtés du gavroche esseulé. Iris dardés sur l’horizon religieuse, il murmure sans autre délai :

— Hé, petit. Toi qui crois en le Père, accepterais-tu de me suivre si je t’affirmais qu’Il m’envoyait te chercher ?


Puis voulant tasser la frayeur accouchée au faciès juvénile :

— Pas pour le rejoindre, non. Mais pour te sauver. Car ton bourg se voit prendre feu et qu’Il te veut sauf, comme émissaire.

Contenant son amusement, Sebastian appuie le théâtre d’un nouveau mensonge. Index déclamatoire pointé vers les tissages suspendues aux arcatures, il assène en épilogue :

— Regarde, James. C’est là sa colère qui foudroie.

Puis enflamme, d’un revers de senestre assez bref pour ne pas être détecté des quidams, les fondations du Repère.

St Mary’s brûle, et avec elle, les derniers Espoirs de ses Hommes.
Car l’Antéchrist tout contre le disciple s’est réfugié.
Et Satan avec lui s’enfuit.





Dernière édition par Sebastian Moran le Mar 18 Avr 2017 - 3:57, édité 1 fois
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James Moriarty
LE PETIT PRINCE
MISSIVES : 8
James Moriarty
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MessageSujet: Re: White heat.   White heat. I_icon_minitimeMar 18 Avr 2017 - 2:40

Libera me, Domine
1888.






Au commencement, je fus la cendre.


L'enfant à la balustrade n'a plus ses joues chérubines. Il porte un regard tendre à ce que sa petitesse surplombe et ses ergots anguleux s'accrochent au gré soutenant le calcaire. Ni dieu ni homme. Ni vivant, ni mort. Son air effroyable prend le ventre comme l'on se penche par dessus l'abyme. Jamais le délicat ourlet de ses cils ne dissimule l'air velouté et cruel dont il nargue souvent le Meurtrier. La réponse à ce qu'il croit être ce fiel latent à son égard, pauvre bête de chair et nu des savoirs de l'Éternel. Pour autant, rien n'a à remettre en question l'abnégation sans réplique qu'il lui voue et, quoique fussent les sentiments de Sebastian pour son arpète, poser son regard sur ce vieux Seigneur défalque un peu de sa douleur femelle. Chacune des pierres de la demeure grinçante suinte le fantôme de son hôte, jusqu'au jardin gris sur lequel l'épais brouillard estompe toute forme, ainsi seulement troué par la cime de quelques noyers morts. Dans ses cols de popeline, James sent le matin lui engourdir la gorge et mordre le visage. Rien ne s'éveillera à ce jour car tout crève aux aubes des hivers. Mais ses os peut-être, car aujourd'hui le Père Nourricier s'en revient retourner ses mains fondatrices à l'enfant qu'il a laissé seul depuis tant de jours. Le temps a coulé sur un visage marmoréen maintenant prétentieux et triste mais l'ombre de ses cils le long de ses joues lui confère toujours cette coquetterie boudeuse. Un éclat parmi le marbre terne.

Puis je fus la peste.


La faïence anglaise contre ses lippes se parent du marc de café qu'il goûte du bout de la langue. Boire à l'arabe comme lui a enseigné la Bête, et droites sont les omoplates qui soutiennent une gorge ronronnante. L'horloge sonne midi mais aucune clarté sinon celle des cierges n'occupe la pièce. La viande arrachée par les canines louves a collé son cruor à ses babines et maintenant qu'il mord à même la couenne, c'est de graisse crue dont il se repaît. Le cartilage, la moelle léchée du trognon brisé, tout passe, tout craque, tout se brise et s'avale dans l'estomac monstrueux. Soustrait à la mort et ses victimes par milliards, James existe comme son état l'exige, fils de rien et virtuose de l'Horreur. L'écarlate à sept tête ne revêt que sa figure d'Homme mais l'impie a déjà fait pourrir ses fruits à l'intérieur de sa chair. De fidèle il n'en n'a que l'enveloppe car c'est le Diable qu'il adore et, par dessus tout encore et les puissantes Enfers aussi, c'est à Caïn dont l'âme est offerte jusqu'aux racines même de sa réalité. Lui qu'il aime si violemment, est-ce là le châtiment que Dieu imposa au Monstre qui lui tourna le dos ?   L'abandon aurait été pieu s'il avait existé autrement que pour l'enfant jaloux devenu Seigneur des limbes. Les prières n'ont plus la saveur du miel mais celle rance et sèche de la poussière, elles se faisandent sous ses dents jusqu'à ce qu'il en crache le poison. Jéhovah déjà se meurt.

Le cordon grince et l'échine se courbe de plaisir. Il entend le marteau frapper la porte massive et les ais tournent sur leurs gonds. Le botte claque, il sait qu'elles sont trempées. En une seconde, le festin carnivore n'eut plus l'intérêt d'autrefois et il le laissa volontiers aux chiens. Le corps et le désir, de tout leur poids, se soulevèrent pour accueillir l'Adonis. Il lui faudrait se crever les yeux pour ne jamais rougir à ce visage, et c'est éperdu de joie et de crainte de le revoir qu'il se tient dans l'alcôve face au maître des lieux.

« Ôtez vos bottes Monseigneur car j'ai allumé la cheminé. » La voix traîne sous le palais. « Ne préférez pas la fierté à mon aide. C'est pécher. » Et d'une malice toute coquette, il s'approche et aide à le dévêtir de son frac noir. L'odeur de sa peau parmi celle de la terre et du vent suffit à son organe premier à se rappeler à lui, celui qui chahute contre son squelette encore maigre.

« J'ai fait ce que vous m'avez demandé de faire. Une aberration aujourd'hui vit dans les sous-sols. »

 




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James Moriarty
LE PETIT PRINCE
MISSIVES : 8
James Moriarty
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MessageSujet: Re: White heat.   White heat. I_icon_minitimeSam 13 Mai 2017 - 2:04

Do not go gentle into that good night
1894.






Le jour du jugement
ceux qui auront bien servi seront récompensés
Jésus-Christ, Roi de l’Univers
homme et véritable Dieu éternel
viendra du ciel pour juger
et donner à chacun le plus juste


Nazareth chante sous le sable le grégorien chrétien et le vent ne l'étouffe pas. Les voix meurent sur les pierres du Sault du Seigneur et lui porte sa croix de cinq séraphins doigts. Les repentis à genoux, noyés d'un chagrin qu'on ne leur ôtera pas creusent encore le tombeau divin. C'est sa fin que l'on psaume dans la mort de la joie et l'espoir qu'Il rebattisse un jour sur le cadavre de Son œuvre. De leur voyage au royaume de Palestine, le berceau du Christ avait si lourdement ligaturé sa foi autour de ses pêchés que ses prières devinrent de douloureuses suppliques. Les heures ont marqué la peau traînée dans la poussière et le sable pour le Saint-Père. Devant eux, tout puissants du Royaume des Morts se brandissent les miséreux riches de dévotion. Ils sont immobiles sous les chants célestes. L'un est presque souffrant sous son voile, l'autre se tient d'une allure princière, altier dans sa nature. Quelques uns lui ont baisé la main. L'ont-ils reconnu, sa Créature de l'ancien temps ? Que ne lui donnerait-il pas, lui, pour un regard ? Sebastian, Palestine est à toi, son peuple et ses trésors, l'or et les oliviers. Les portes de Damas s'ouvriront pour toi, embrase le Saint-Sépulcre, dévore Béthléem. Sebastian, il t'offrira des terres plus riches, plus belles encore, en détrônera les Dieux, t'allouera les Cieux. Pour un regard, la passion est tienne.

Devant le Jugement viendra l’Antéchrist
et donnera du tourment à tout le monde
et il se fera servir comme Dieu
et fera mourir celui qui ne lui obéira pas.
Son règne sera très bref ;
En ce temps-là, sous son pouvoir,
mourront en martyrs en un lieu
les deux saints Elie et Enoc.
Le soleil perdra sa clarté
S'assombrira et se voilera
la lune ne donnera plus de lumière
et le monde ne sera que tristesse
.

« Je vous salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est ave- » La grandeur tranquille fait de l'ombre au Soleil. Il sent le linceul l'envelopper et interrompt son ode, bouche ouverte contre la croix du chapelet. La messe est interdite au paria, alors il s'extirpe de son suaire et redresse son corps, pudiquement couvert de ses gazes noires. Déjà l'Autre tousse au sein du coton, à James de baisser les yeux sous la vase noire que sa gorge graillonne. Se racornir à ses regards. Flétrir par le silence. Il veut ces lèvres couvertes de pétrole, les mains patriciennes, feu homme de labeur aujourd'hui maître des maudits. Il désire la voix qui résonne dans la charpente, peu lui emporte l'espérance qu'il enterre chaque jours. Le désintérêt du Maître se fait plus serpent que son désamour. L'espoir ne crève pas au cœur amoureux.
Alors fidèle, l'ennemi du monde Saint ouvre les larges doigts et se saisissent du tissu salit par la toux. Les gestes délicats déplient les serres dont les griffes ont entamé le mouchoir de petites empreintes brûlées.

« Je m'occuperai de nettoyer cela. Allez vous allonger. » Nous ne sommes pas les bienvenus au pays de notre Père. Il lève sa main pour en baiser le sang et sitôt s'en voit privé.
L'Égypte avait été plus aisée à supporter. Berceau des civilisations, tombeaux et carcasses n'avaient pas eu raison de l'implacable santé de Sebastian et jusqu'à Damas il témoignait encore de son humeur stoïque et lourde. Acre lui avait ôté la parole. Aujourd'hui les nuits sont des puits de mazout qui sourdre au coin de ses lippes blanches et dont James essuie le moindre éclat. Cette nuit encore sûrement qu'il ne dormira pas, tout penché par dessus son Maître pour mieux le faire respirer. La maladie des infidèles le ronge ainsi la peste n'a plus le monopole de la discorde cannonière. Que ne donnerait-il pas pour un retour aux brumes anglaises, où la silhouette rousse serait tout élégamment courbée au dessus des livres qu'il déguste. Ses supplications ne trouvèrent pas d'oreille, pourtant chaque jour la demande se faisait routine.

« N'y a t-il rien que je puisse faire ? »

Les sueurs naissent jusqu'aux bouts de ses dix doigts. Il y a un charognard au dessus d'eux.

 




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